L’école de devoirs de Panabaj au Guatemala.
Le projet
Dans le hameau de Panabaj qui dépend de la commune de Santiago Atitlan (département de Solola, Guatemala) une petite cinquantaine d’enfants bénéficient d’une bourse d’étude et d’un soutien scolaire sous forme d’école de devoirs. L’aide s’adresse aux enfants scolarisés dans les différentes écoles primaires et secondaires de Santiago Atitlan. Les parents des enfants reçoivent une guidance éducative. Les deux institutrices engagées dans ce projet assument le soutien scolaire et la guidance parentale.
La gestion administrative est assumée par Monsieur et Madame Gonzalez depuis le décès de la fondatrice madame Elba Villatoro en janvier dernier.
Le contexte
Le Guatemala : situé en Amérique Centrale ce pays se caractérise par une importante population maya (25 ethnies) ayant gardé ses diverses langues et coutumes. Les Mayas sont une population particulièrement discriminée. Les difficultés endémiques du Guatemala sont : les inégalités sociales, la corruption et la criminalité, 54% de la population vit sous le seuil de pauvreté
Le hameau de Panabaj a souffert en 2005 d’un glissement de terrain lors de la tornade Stan. De nombreux habitants ont péri et beaucoup de foyers ont perdu leur modeste logement.
Panabaj est éloigné de quelques kilomètres du centre de Santiago. La plupart des habitants y vivent dans des conditions d’extrême pauvreté.
Dans la commune de Santiago seul un quart de la population enfantine est scolarisée. Plusieurs écoles existent mais beaucoup de parents n’ont pas les moyens d’y envoyer leurs enfants.
Le défaut de scolarisation d’une partie importante de la population constitue un frein important au développement individuel et communautaire.
Historique
L’initiative du projet revient à Madame Elba Villatoro, anthropologue guatémaltèque, professeur à l’université San Carlos et spécialisée dans la culture maya, plus particulièrement dans la médicine traditionnelle.
Elba Villatoro s’est impliqué dans des projets de développement à Santiago. A travers les liens qu’elle a pu nouer dans le cadre de ses recherches (plus particulièrement la coopération suédoise et l’ONG Entraide et Fraternité via Joëlle Conrotte) elle a obtenu des fonds pour différents projets. Dans le contexte de corruption généralisée et de clientélisme du Guatemala, la fiabilité et l’engagement d’Elba Villatoro ont donné l’indispensable garantie d’une bonne gestion des fonds.
L’école de devoirs est une initiative de Pär et Birgit Ivarsson, coopérants suédois ayant résidé plusieurs années au Guatemala.
Depuis 2007 ce projet se développe grâce à l’appui d’une paroisse protestante suédoise.
Depuis 2011 des fonds envoyés de Belgique à l’initiative de J.Conrotte et par l’intermédiaire de l’ONG Entraide et Fraternité ont permis d’intégrer 14 nouveaux élèves.
Le lien avec Entraide et Fraternité permet la transparence dans l’envoi des fonds récoltés auprès d’amis et de connaissance. Par ce biais les donateurs bénéficient de la déduction fiscale. L’expertise d’Entraide et Fraternité en matière de développement est une ressource.
Descriptif des activités
- La bourse d’étude : au début de chaque mois, la mère de l’enfant participant au projet reçoit une somme équivalente à 10 euros pour les frais scolaires : minerval, matériel scolaire, activités sportives et artistiques. Chaque enfant reçoit par année une aide de 100 euros.
- Les institutrices, elles-mêmes habitantes de Panabaj, reçoivent les enfants par petits groupes en dehors des heures scolaires pour combler les lacunes des apprentissages. L’espagnol, langue officielle du pays n’est pas la langue maternelle des enfants. Les familles parlent le tzutuhil, de ce fait l’apprentissage de l’espagnol doit être renforcé chez la plupart des enfants.
- Des activités manuelles et artistiques sont également organisées afin de pouvoir valoriser les enfants et leur donner confiance dans leurs capacités.
- Une attention est donnée à l’éducation civique (respect de la nature, de la propreté publique, hygiène) afin de lutter contre la dégradation de l’environnement dans le hameau.
- La guidance parentale : chaque famille est visitée deux fois par mois par les institutrices de façon à prendre connaissance des conditions de vie de l’enfant et de donner des conseils éducatifs aux parents. Les familles sont ainsi encouragées à permettre la scolarité de leur enfant. (Dans les populations indiennes du Guatemala il est fréquent que la scolarité soit interrompue pour que l’enfant travaille au bénéfice de la survie familiale. De même la scolarité des garçons est souvent privilégiée à celle des filles).
- Plusieurs réunions festives se déroulent au fil de l’année lors desquelles les enfants et leurs parents se réunissent avec les institutrices et le conseil d’administration. Ces fêtes permettent aux enfants de présenter leurs activités aux parents, elles renforcent la cohésion de l’ensemble du projet.
- Un conseil d’administration composé essentiellement de parents d’élèves participe à l’organisation des activités.
- Ces derniers mois, des ateliers d’éducation à la vie affective et sexuelle ont été proposés aux mères des élèves et aux adolescentes et ce dans un but de prévention des maternités précoces qui entrainent l’arrêt de la fréquentation scolaire.
Les résultats obtenus.
La plupart des enfants soutenus par le projet réussissent l’année scolaire.
Plusieurs jeunes ont pu grâce à l’appui reçu, arriver à la fin de leurs études secondaires. (8 pour l’année 2015).
La dynamique positive au niveau des enfants a amené certains parents à s’inscrire à des cours d’alphabétisation organisés dans le village par Conalfa (institution gouvernementale) et à formuler des demandes de micro projets productifs.
Le sentiment de dignité revient dans les familles vivant dans l’extrême précarité.
Les deux institutrices maintiennent leur engagement au sein du projet depuis près de 10 ans, ce qui représente pour les familles une garantie de fiabilité et une continuité dans les liens.
Difficultés rencontrées
Les difficultés d’apprentissage d’un certain nombre d’enfants sont les conséquences de la dénutrition liée elle même à l’extrême pauvreté. C’est le cas d’un quart des enfants du groupe (2 orphelins à charge d’une grand mère, 6 élevés par une mère veuve)
L’insalubrité des logements et le manque d’accès à l’eau potable ont des répercussions néfastes sur la santé des familles.
Alors que l’enseignement relève de la responsabilité des Etats. Le Guatemala en pleine augmentation démographique n’assure la scolarisation que de 60% des enfants. En moyenne la durée de fréquentation scolaire est de 4 ans.
Perspectives
Le principal objectif actuel à court terme est d’assurer la poursuite de la scolarité à tous les enfants admis.
Les institutrices demandent un matériel pédagogique de base pour leurs activités (livres, tableaux etc). Elles devraient être équipées un minimum de matériel informatique (ordinateur et imprimante).
A plus long terme : il faudrait s’orienter vers des petits projets productifs (potagers communautaires, petit élevage) et vente d’artisanat pour consolider les faibles revenus des familles.
La tradition du tissage est restée bien vivante dans l’ethnie tzutuhil mais la vente des produits est aléatoire.
Actuellement des contacts sont pris avec des ONG travaillant dans la région : Coindi, à Solola, soutenue par Entraide et Fraternité, et Vivamos Mejor à Panajachel.
Le projet est de profiter de l’expertise de ces deux ONG en matière de développement des capacités d’organisation des femmes (Coindi) et de ressources pédagogiques (Vivamos Mejor).
Conformément au souhait d’Entraide et Fraternité et des collaborateurs suédois, des démarches sont effectuées par Monsieur et Madame Gonzalez en vue de donner un statut légal au projet en le constituant en ASBL.
Au delà des réalisations concrètes, le projet éducatif veut être aussi un outil de prévention et de développement global. Ouvrir des perspectives de futur aux jeunes Tzutuhil évite l’exode vers les États-Unis. En 2014 70.000 mineurs non accompagnés ont quitté le pays pour se rendre clandestinement au Mexique ou aux États-Unis.